dimanche 10 janvier 2016

[Semaine 35] : Pourquoi certaines séries TV n’ont que 35 épisodes par saison et les raisons qui expliquent que la présente publication soit la dernière de la saison Deux de « Blog, et autres nouvelles ».


Quand on n’a plus d’argent, il faut faire preuve d’imagination. Les députés avaient voté trois cent soixante cinq nouvelles taxes dans l’année, une par jour. Des taxes sur tout et rien, les crèmes à bronzer, l’élevage des poulets, le travail illégal, partout où il y avait de l’agent, il était bienvenu de le prendre pour boucher le trou sidéral du budget de l’Etat de Syldavie.
Sauf que cela n’avait pas suffi. Cinq jours avant le bouclage du budget, le soir de Noël, alors que tous les syldaves s’apprêtaient à réveillonner en famille, il fallait bien se rendre à l’évidence : les finances n’étaient pas équilibrées et les trois cent soixante cinq nouvelles taxes ne suffiraient pas à combler le déficit.
Vint le matin de Noël où l’un des cranes d’œuf du ministère, bien inspiré par les marrons glacés dont il s’était gavé la veille, eut la géniale intuition que, l’Etat ayant un déficit abyssal de 32%, il suffirait de faire payer les contribuables en proportion et qu’une solution astucieuse serait de réduire l’année fiscale à trente cinq semaines, au lieu de cinquante deux. Ainsi, toutes les trente cinq semaines, les syldaves auraient la douloureuse surprise de recevoir leur feuille d’impôts, calculée sur la base de leurs revenus de l’année civile.
Soit que les esprits aient été engourdis par le trop plein de nourriture engloutie, soit que la situation ait été désespérée au point d’empêcher toute forme de protestation, l’amendement fut, en l’espace de quelques heures, rédigé par les fonctionnaires du ministère, examiné par la commission des finances, rapporté en séance et voté à une courte majorité, à deux heure trente du matin, devant une Assemblée à 98% vide.
Et le lendemain, alors que commençait l’étrange interrègne qui sépare Noël du jour de l’An que d’aucuns placent sous l’autorité des Confiseurs, les syldaves eurent la surprise de découvrir, en lisant leur quotidien, qu’il y aurait désormais deux façons de compter : celle qui, s’appuyant sur des constats astronomiques, voulait que la révolution de la Terre soit de cinquante deux semaines et un jour, deux pour les années bissextiles, et celle de la fiscalité syldave, qui réduisait le temps à trente cinq semaines, soit deux cent quarante cinq jours au lieu des trois cent soixante cinq attendus.
D’abord, on cru à une blague, puis on commença à s’interroger sur les conséquences de cette révolution dans le découpage des années. Fallait-il donner son âge fiscal ou astronomique lors de la déclaration d’impôts ? Les horaires des trains devaient-ils être renouvelés toutes les trente cinq semaines, vu que la SNCS était détenue par l’Etat ? On consulta, par soucis d’œcuménisme, les autorités protestantes, orthodoxes et même le Pape, qui se défaussa avec prudence, renvoyant ses ouailles à leurs élus politiques. Après tout, disait-il, le calendrier liturgique suivait ses propres règles qui fixent le début de l’année au premier jour de l’aven, alors qui était-il pour donner son avis à ce sujet ?
Bon, le vrai problème était qu’il faudrait payer plus souvent ses impôts. Le gouvernement en devint tellement impopulaire qu’il perdit la majorité aux élections qui suivirent. Mais les promesses sont une chose, les contingences économiques une autre et, malgré ce changement, l’année fiscale syldave resta fixée à trente cinq semaines, quel que soit le bord politique et il fallut attendre dix ans pour qu’elle soit recalée sur l’année civile. Les citoyens du microscopique Etat balkanique gardèrent longtemps l’habitude de jongler entre les deux calendriers, au gré des besoins, bien au-delà de l’abolition de trente cinq semaines. Les plus paresseux, fonctionnaires, dog-sitters, employés de la Sécu ou scénaristes de séries TV, continuent, depuis, à se limiter à trente cinq semaines, tradition que le présent blog, pour sa deuxième saison et pour les mêmes raisons, a décidé d’appliquer.



- - -   F  I  N   - - -

de la saison Deux

de

Blog, et autres nouvelles


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