Quand j’ai vu cela, j’ai pris mes affaires et j’ai quitté la
place Saint Sulpice par la rue Bonaparte, tout du long, jusqu’aux quais. Là, j’ai
longé le fleuve en aval et je l’ai traversé au pont Royal. Je me suis assis sur
un banc aux Jardins, il faisait beau. J’aime bien Johnny, mais il boit trop, je
lui ai déjà dit, il ne m’écoute pas : tant pis, Johnny, t’es trop con.
J’avais faim alors je suis reparti rue des Pyramides. Sur
l’avenue de l’Opéra, je me suis arrêté près d’une boulangerie et je me suis
assis par terre. Johnny dit que, quand on s’assoie par terre, on a mal au cul
mais que ça rapporte plus. J’ai posé mon chapeau à l’envers sur le sol et j’y
ai mis quelques pièces jaunes, pas des trop petites car ça ne donne pas envie
aux passant d’être généreux.
C’est quand le crépuscule est venu, quand les lumières de
l’avenue se sont allumées, que j’ai senti son parfum, bien avant de voir ses
jambes et ses pieds, ses pieds gainés dans des chaussures rouges, des jolies
chaussures comme on les voit parfois, des jolies chaussures rouges pour une
jolie jeune fille. Ses talons claquaient sur le sol : j’ai levé les yeux,
elle me regardait. J’ai baissé les yeux : son parfum s’est mêlé aux odeurs
de la ville.
La pièce a fait un petit bruit métallique quand elle est
tombée dans le chapeau, un bruit que j’étais le seul à entendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre commentaire. A jeudi prochain sur www.blogetautresnouvelles.com