jeudi 16 janvier 2014

[Fiction 2] Johnny.

Ce matin, je me suis battu avec Johnny. Il a voulu me voler mon argent pendant que je dormais, mais je l’ai surpris et coup de poing sur l’épaule, il crie et part en me traitant de tous les noms. C’est moi qui aurait dû le faire, le traiter de pourri et de voleur ; je ne l’ai pas fait.

Quand j’ai vu cela, j’ai pris mes affaires et j’ai quitté la place Saint Sulpice par la rue Bonaparte, tout du long, jusqu’aux quais. Là, j’ai longé le fleuve en aval et je l’ai traversé au pont Royal. Je me suis assis sur un banc aux Jardins, il faisait beau. J’aime bien Johnny, mais il boit trop, je lui ai déjà dit, il ne m’écoute pas : tant pis, Johnny, t’es trop con.

J’avais faim alors je suis reparti rue des Pyramides. Sur l’avenue de l’Opéra, je me suis arrêté près d’une boulangerie et je me suis assis par terre. Johnny dit que, quand on s’assoie par terre, on a mal au cul mais que ça rapporte plus. J’ai posé mon chapeau à l’envers sur le sol et j’y ai mis quelques pièces jaunes, pas des trop petites car ça ne donne pas envie aux passant d’être généreux.

C’est quand le crépuscule est venu, quand les lumières de l’avenue se sont allumées, que j’ai senti son parfum, bien avant de voir ses jambes et ses pieds, ses pieds gainés dans des chaussures rouges, des jolies chaussures comme on les voit parfois, des jolies chaussures rouges pour une jolie jeune fille. Ses talons claquaient sur le sol : j’ai levé les yeux, elle me regardait. J’ai baissé les yeux : son parfum s’est mêlé aux odeurs de la ville.

La pièce a fait un petit bruit métallique quand elle est tombée dans le chapeau, un bruit que j’étais le seul à entendre.

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