vendredi 5 septembre 2014

[Fiction 30] : La guerre mondiale n’aura pas lieu.


Le mardi 21 avril 1654, Jean Dutour quitta, avec sa femme Marie, le domicile de son frère situé à Germainville, en Normandie, et se rendit à pied jusqu’au Havre qu’il atteignit en six jours. De là, il embarqua pour la province de Québec, et il s’installa comme menuisier dans la ville de Saint-Siméon, au bord du fleuve Saint Laurent.  Il lui naquit un fils unique qu’il nomma Jacques, lequel se maria en 1682 avec Michelle Matille, fille d’un fermier installé à proximité. De leur union naquit douze enfants dont huit survécurent, cinq garçons et trois filles. En 1763, date du traité de Paris entérinant le rattachement de la Nouvelle France à la Grande Bretagne, sa descendance était de trois cent soixante-cinq sujets et, à la constitution du Canada en 1861, elle atteignait soixante mille six cent vingt-cinq citoyens, dont cinquante-deux pour-cent de femmes.  Le 15 août 1945, à la capitulation du Japon, on comptait cinq cent vingt-trois mille quatre cent douze descendants de Jean Dutour, parmi lesquels cinq mille quarante-deux charpentiers, quatre mille deux cent huit soldats, trois cent huit prêtres, deux cent huit prisonniers, cent vingt-trois avocats, quatre-vingt-cinq meurtriers, quarante-cinq nonnes, deux évêques et un prix Nobel de physique, décerné à Philippe Dutour en 1937 pour ses travaux sur la physique nucléaire. Saint-Siméon, village d’établissement de Jean Dutour en 1654, comptait, le 25 octobre 1965, cent trente-quatre mille habitants, une université et un centre de recherche atomique, cette dernière particularité lui valant d’être l’une de dix-huit métropoles d’Amérique du Nord à recevoir un missile balistique SS-7 Saddler d’une portée de  onze mille kilomètres, envoyé par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques à l’occasion de la première frappe de la troisième guerre mondiale. Ce missile était équipé d’une bombe thermonucléaire d’une puissance de trois mégatonnes qui explosa à cinquante-huit mètres du sol, cinq cents mètre du centre de recherche Philippe Dutour et à deux kilomètres quatre cents mètres du musée consacré à Jean Dutour, qui avait quitté le domicile de son frère en Normandie trois cent onze ans, six mois et quatre jours plus tôt, évènement que les quatre-vingt-douze mille cent trente-deux victimes de la bombe n’eurent pas le temps de regretter.
 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. A jeudi prochain sur www.blogetautresnouvelles.com