Il a eu un
retour de flamme, puis il est mort, de sa belle mort. Je l’aimais bien. Ça faisait
douze ans qu’il me suivait, là, fidèle, dans les escaliers et les couloirs. Je me
souviens du premier jour, quand il est arrivé à la maison, tout beau, un vrai
canon. Il roucoulait, guillerettait, mamourait en avalant tout ce qui traînait.
Et puis on a
vieilli ensemble, lui et moi. Lui, il a pris de coups, la vie, il s’est terni. Moi,
c’est les escaliers : ils ne me vont plus, trop durs, j’ai un souffle au cœur,
de l’asthme, vous pouvez comprendre, non ? On s’est toujours soutenus, lui
et moi. Quand j’en avais assez, il s’échauffait et s’arrêtait aussi. Oh, pas
bien longtemps, juste de quoi souffler un peu, reprendre le rythme, on débranchait
puis on rebranchait pour repartir, tous les deux, vers de nouvelles marches.
Je vais vous
dire : quand il y a eu cette grande flamme, j’ai eu peur. Ça sentait le
plastic grillé. « Merde, je me suis dit, il va tout de même pas me lâcher
maintenant ? J’ai à peine fait les deux premiers étages et il m’en reste
encore cinq à faire. » Eh bien si, il était mort, crevé.
On l’a mis
aux encombrants avec mon mari et j’ai tout de suite appelé le syndic pour qu’il
m’en commande un neuf. En attendant, j’emprunte l’aspirateur de l’immeuble d’à
côté.
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