jeudi 16 octobre 2014

[Fiction 34] : Ma femme, le mitron et le coquillage.

Quand ma femme est partie, j’ai pensé que c’était une blague. Le soir, en rentrant, la maison était vide et, le matin venu, je me suis décidé à appeler la gendarmerie après avoir ameuté la terre entière, les quatre ou cinq amis qu’on fréquentait, la directrice de l’école où elle travaillait et sa mère. Sa mère, si chère.
Quand j’ai appris qu’elle était partie avec le mitron, là, j’ai pensé vivre une histoire drôle pas drôle. « Arrête, j’ai dit à Peter qui m’avait annoncé la bonne nouvelle, tu rigoles ou quoi ? Il n’y a plus de mitrons depuis belle lurette. Ils ont tous été remplacés par des machines !
– Si. Il n’en restait qu’un dans la ville, et c’est celui là.
– J’espère au mois qu’il est jeune et bien fait.
– Non, acnéeux et maigrichon. »
C’était le coup de grâce : si elle était partie avec lui, c’est qu’elle devait simuler. Et depuis longtemps.
Quand j’ai vu trois gros bras, au pied de mon immeuble, venus récupérer ses affaires, j’ai commencé à m’inquiéter pour mon avenir. Je leur ai tout laissé : la télé, l’ipad, le tableau de la grand-mère et même le coquillage géant avec écrit « Souvenir de Royan » dessus. Celui-là, j’étais content que ces nazes l’embarquent.
Quand elle est revenue sans son mitron, l’air contrit et la queue basse, je me suis dit que c’était inespéré. « Tu te rends compte de ce que tu m’as fait vivre ? Même un bloggeur n’en voudrait pas, tellement ton histoire est banale, je lui ai dit. Alors : dégage ! Toi, le mitron et ton coquillage. »

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