C’est William qui m’a parlé de la chartreuse perdue au fond
des montagnes slovaques, tu verras, une vraie redécouverte, quinze jours avec
soi-même et Dieu pour témoin. Tu devrais, toi aussi faire une retraite dans la
chartreuse, ça te régénérera du stress que tu accumules à regarder les cours de Bourse toute la journée.
J’aurais dû me méfier de William, on devrait toujours de
méfier des gens comme lui.
J’ai commencé à le maudire lorsque le GPS de ma voiture de
location s’est affolé, passant d’un itinéraire à l’autre, m’indiquant des temps
de parcours fantaisistes. De toute façon, je n’avais pas le choix que de suivre
la petite route de montagne avec le précipice sur le côté. J’ai eu un coup
d’émotion lorsque la chartreuse a surgi dans la vallée, après le passage d’un
ènième col, mais comment on-t-il fait pour construire cet énorme machin, on ne
peut même pas circuler en camion sur cette route.
Au bout de la route, je me suis trouvé face à une porte
colossale, entourée de deux piliers de pierre et une madone au dessus qui me
regardait sortir de ma petite voiture avec ma valise à roulette et ma méthode
Assimil J’apprends le slovaque en dix leçons. Le frère qui m’a ouvert m’a
conduit dans une grande salle toute nue où le prieur m’a reçu. Très affable, il
m’a expliqué ce qui m’attendait dans les prochains quinze jours, le réveil
avant le lever du soleil, les périodes d’isolement, le jeune du vendredi etc. A
la fin, je lui ai demandé s’il fallait que je lui remette mon téléphone
portable en dépôt, comme si j’avais un flingue en main. Il m’a dit que c’était
inutile : on ne captait pas de signal, dans la chartreuse…
Je me suis senti tout d’un coup très seul ; jamais je n’aurais
dû écouter William.
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