dimanche 22 mars 2015

[Semaine 12] : Opus Dei.




C’est William qui m’a parlé de la chartreuse perdue au fond des montagnes slovaques, tu verras, une vraie redécouverte, quinze jours avec soi-même et Dieu pour témoin. Tu devrais, toi aussi faire une retraite dans la chartreuse, ça te régénérera du stress que tu accumules à regarder les cours de Bourse toute la journée.
J’aurais dû me méfier de William, on devrait toujours de méfier des gens comme lui.
J’ai commencé à le maudire lorsque le GPS de ma voiture de location s’est affolé, passant d’un itinéraire à l’autre, m’indiquant des temps de parcours fantaisistes. De toute façon, je n’avais pas le choix que de suivre la petite route de montagne avec le précipice sur le côté. J’ai eu un coup d’émotion lorsque la chartreuse a surgi dans la vallée, après le passage d’un ènième col, mais comment on-t-il fait pour construire cet énorme machin, on ne peut même pas circuler en camion sur cette route.
Au bout de la route, je me suis trouvé face à une porte colossale, entourée de deux piliers de pierre et une madone au dessus qui me regardait sortir de ma petite voiture avec ma valise à roulette et ma méthode Assimil J’apprends le slovaque en dix leçons. Le frère qui m’a ouvert m’a conduit dans une grande salle toute nue où le prieur m’a reçu. Très affable, il m’a expliqué ce qui m’attendait dans les prochains quinze jours, le réveil avant le lever du soleil, les périodes d’isolement, le jeune du vendredi etc. A la fin, je lui ai demandé s’il fallait que je lui remette mon téléphone portable en dépôt, comme si j’avais un flingue en main. Il m’a dit que c’était inutile : on ne captait pas de signal, dans la chartreuse…
Je me suis senti tout d’un coup très seul ; jamais je n’aurais dû écouter William.

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