Monsieur le juge, eh bien, moi, je vous dis que la femme qui
est là, en face, n’est pas ma femme.
Comment c’est possible ? Je vais vous expliquer. Quand
je me suis relevé de mon accident, du moins ce qu’on m’a dit avoir été un
accident car je ne m’en souviens plus, j’étais amnésique. Amnésique au point de
ne me souvenir de rien, ni reconnaître personne. C’est revenu petit à
petit : mes études, mon métier, mes parents, les amis. Je me suis souvenu
qui ils étaient, ce que c’était. Ça a mis du temps mais, bon, on y est arrivé.
Le seul sujet qui est resté, c’est cette femme. Elle prétend que nous sommes
mariés depuis dix-huit ans mais, moi, je n’en crois rien. Dix-huit ans, ça aurait
dû laisser des traces, non ? Eh bien rien, que pouic.
Encore, si elle avait été jolie, élégante, spirituelle,
célèbre, je ne dis pas, on se serait arrangés. Mais, monsieur le juge, elle n’est
ni belle, ni drôle, ni bien habillée, ni richement dotée, ni tout ce qui fait qu’une
femme est femme est qu’un homme aime les femmes. Alors, monsieur le juge, et vous
mesdames et messieurs les avocats, et tous ceux qui sont dans cette salle, je vous
le dis de nouveau, j’affirme sur la foi de ma mémoire et en vertu du bon sens que
nous partageons tous : cette femme n’est pas ma femme.
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