–
Le point-virgule, c’est désuet.
–
Désuet ?
–
Oui, désuet. Tombé en désuétude, quoi. Ça ne
sert à rien.
–
A rien ?
–
Non, à rien. Tu ne peux pas t’arrêter à un feu
rouge et te garer, ouvrir une fenêtre et la fermer, être et avoir été :
entre la virgule et le point, il n’y a pas de compromis possible. C’est… c’est…
indécent !
–
Pas plus indécent que le point d’exclamation que
tu viens de nous servir, là.
–
Quoi, quoi ? Qu’est-ce qu’il a, mon point
d’exclamation ?
–
Il est trop facile.
–
Kestudi ? Trop facile ? Il est bien
pratique, pardi !
–
Trop pratique, justement. C’est toujours facile
d’avoir l’air enthousiaste quand on n’a rien à dire.
–
Je ne suis pas enthousiaste ! Je souligne
mon émoi, c’est tout !!!
–
Arrête de crier, tu me fatigues. Et puis, tu as
tort : pense plutôt au point-virgule, à ce clin d’œil subtil ;), cet
ode à l’art de la ponctuation, ce bijou égrené dans nos phrases, ce…
–
Cet emmerdement, oui ! On ne sait jamais où
le mettre ; un mystère. Pourquoi lui ; et pourquoi à ce moment
là ? Personne n’y a jamais rien compris.
–
Tu as raison ; c’est ce qui fait son
charme. Tiens, lit :
« Paris a un enfant et la forêt a
un oiseau ; l'oiseau s'appelle le moineau ; l'enfant s'appelle le gamin.
Accouplez ces deux idées qui
contiennent, l'une toute la fournaise, l'autre toute l'aurore, choquez ces
étincelles, Paris, l'enfance ; il en jaillit un petit être. Homuncio, dirait
Plaute. »
C’est
pas génial, ça ?
–
Oui, mais ça ne me dit pas plus comment
l’utiliser.
–
Non, pas plus…
–
Un grand mystère…
–
Un grand mystère, oui, c’est ça.
–
Alors, qu’est-ce qu’on fait ?
–
Heu… rien.
–
Rien ?
–
Non, rien. On n’a qu’à retourner à nos
arobases. Au moins, on sait où les mettre ceux-là : partout.
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