jeudi 5 juin 2014

[Fiction 21] : Manuscrit trouvé dans une bouteille.



Moi, Julie Delpaux, née le 11 avril 1964, je vous le dis solennellement aujourd’hui, que je suis saine d’esprit comme le confirme le certificat joint ici et que vous pourrez consulter à loisir, ainsi que les nombreux documents, courriers, photocopies et preuves que vous trouverez de même dans la chemise rouge contenant cette déclaration et qui attestent que tout ce que je dis est vrai, la vérité, réalité et que tout ce que je relate s’est effectivement passé ainsi que je le décris, chaque événement, chaque fait, il en est ainsi.
Moi, Julie Delpaux, déclare ici et présentement avoir la preuve, corroborée par de nombreux éléments, que le docteur Lermercier est coupable d’avoir trompé une de ses patientes dans l’unique but de lui dérober sa fortune, qu’il a, pour ce faire, utilisé des moyens de persuasion contraires à la déontologie de sa profession, qu’il a rompu, par ce fait, le serment d’Hippocrate qu’il avait prêté en 1985 à l’issue de treize années d’études menées à la faculté de médecine de Montpellier, dans l’Hérault, et qu’il a fait subir à sa patiente des pressions psychologiques telles qu’elle a été prête à commettre l’irréparable. J’ajoute à cela que le docteur Lermercier, non content d’avoir manœuvré à la perte de sa patiente, lui a personnellement et spontanément donné des conseils pour qu’elle puisse mettre fin à ses jours de manière simple, rapide et sans douleur, qu’il l’a aidée, par un soir de grande dépression où elle était dans sa cuisine, à préparer des capsules mortelles en y intégrant de la mort-aux-rats qu’elle avait, sur ses recommandations, préalablement achetée à la quincaillerie de l’Eglise, située 123, rue Foch à Verneuil-la-Bataille (63230), acquisition dont vous trouverez la trace dans le dossier que je vous transmets sous forme d’une facturette imprimée sur un papier thermique de six centimètres de large sur seize de long, l’article en question étant le troisième de la liste, après le savon noir « La Marseillaise » en bidon d’un litre et les douze cintres en plastic renforcé.
Moi, Julie Delpaux, déclare que le docteur Lermercier s’est prêté à toutes sortes de manipulations et, en particulier, qu’il m’a fait signer des papiers auxquels je ne comprenais rien, de par mon état de santé et du fait que mon défunt mari Roland, hélas disparu trop tôt, s’occupait personnellement de toutes ces affaires de paperasseries et que, depuis cinq longues années hélas, je ne sais plus qui de quoi ni quoi de qui etc. Que ces papiers se sont avérés être des dons à sa personne des trois immeubles d’un rapport de six pour cent net que je tenais de l’héritage de ma mère, situés à Bagnoles de l’Orne pour les deux premiers et à Vaux, pour le troisième, à quoi s’ajoutaient des actions au porteur sur les mines du Midi qui étaient serrées dans le coffre du bureau de mon défunt mari, à gauche derrière la porte en entrant, caché par la plante verte, et de nombreux autres mobiliers, bijoux, vaisselle de Limoges, tableaux dont une « vue des chutes de Tivoli » d’après Joseph Vernet, ou du moins prêté pour tel à ce qu’en m’en avait dit, en son temps, Me Emilien, avoué à Verneuil-la-Bataille (63230) et grand ami de Roland, mon défunt mari.
Moi, Julie Delpaux, conclut par la présente cette lettre en ajoutant que le docteur Lemercier, outre qu’il m’a dérobé ma considérable fortune, a manœuvré pour me mettre sous tutelle puis me déclarer en état de démence sous prétexte d’une maladie d’Alzheimer que je n’ai jamais contractée, que les médicaments qu’il m’administre depuis dans la résidence spécialisée dont il est au demeurant le propriétaire et exploitant, contribuent à me maintenir dans un état de prostration qui semble confirmer son diagnostic qu’aucune contre-expertise n’a infirmée depuis, faute de contre-expert et que c’est ce qui me fait remettre ce dossier à madame Noémie, infirmière, fort gentille de surcroît, charge à elle de le faire sortir de la clinique et de le publier pour faire savoir au monde entier que moi, Julie Delpaux, née le 11 avril 1964, suis saine d’esprit comme le confirme le certificat joint ici et que vous pourrez consulter à loisir, ainsi que les nombreux documents, courriers, photocopies et preuves que vous trouverez de même dans la chemise rouge contenant cette déclaration et qui attestent que tout ce que je dis est vrai, la vérité, réalité et que tout ce que je relate s’est effectivement passé ainsi que je le décris, chaque événement, chaque fait, il en est ainsi.

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