Je suis le nettoyeur, le dieu, le purifié,
Le prince de la console aux doigts de souris
Des toux, des claques, des voix, je traque le bruit,
Et de vos concertos vous restitue la beauté.
De la porte qui irrite votre baignoire,
Déshonorant l’air de la reine de la Nuit,
Comptez sur moi, demain il n’y en restera rien.
En quelques jours, grâce à mes tables de mixage
Je vous en restituerai le son le plus pur
Céleste, l’éther sur Terre, avec moi le paradis.
L’autre jour, un inconnu m’a envoyé un
Enregistrement du Stabat Mater. C’était
Tellement beau que j’en avais les larmes aux yeux.
Sauf que, en plein O quam tristis, un grand boom, comme
Un gros furoncle. Là aussi, j’ai tout nettoyé,
Reconstitué la quintessence des voix
Du céleste duo. Un travail titanesque,
Magistral, du bel ouvrage. Mon client était
Si impressionné par mon talent qu’il m’en a
Envoyé d’autres comme celui là, du vrai
Caviar mais avec, chaque fois, le fameux boom.
Ça m’a intrigué. J’ai isolé le son, j’ai
Cherché dans ma bruitothèque (je fais collection
Des bruits, j’en ai quinze tétra octets en stock)
Et j’ai dû me rendre à l’évidence : ce n’était
Pas une porte qui claquait, même la chute
D’un micro, mais bien le son d’un coup de feu. Clac.
Depuis, moi, le nettoyeur, je vis la terreur,
Ils sont tout près, embusqués, viendront me saisir
Pour me détruire, et mon œuvre de nettoyeur
Divin, sublime, au néant vont la réduire.
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