178 mots. Deux frères s’aimaient d’amour tendre. L’aîné, le
préféré, était celui à qui on préparait une chambre de jeune homme, quand les
autres partageaient le dortoir sous les combles. Avec son cadet, ils jouaient à
la guerre et, comme c’était le plus beau et le plus fort, il gagnait toujours,
le préféré de ces dames, le chouchou des cours de récré. Et puis les choses ont
passé, lui, le flamboyant, était toujours sur un coup, une affaire en or, une
spéculation qui en ferait un homme riche et adulé ; le cadet, c’était le laborieux,
moine défroqué qui devait devenir un grand avocat, défenseur de la veuve, de
l’orphelin, du massacreur et de l’entreprise déshonorée. Son aîné s’amusait à
débarquer, sans prévenir, dans son cabinet, confondant secrétaires et
stagiaires de sa superbe, et puis il a sombré.
Bien des années plus tard, alors
qu’il faisait son jogging, le cadet l’a retrouvé, avachi sous un pont, baignant
dans sa crasse. Il s’est assis à côté de lui et, ensemble, ils ont regardé
l’eau de la Seine qui coulait devant eux.
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