« Eh bien, on se verra au soleil, leur avait-il dit. »
Paul et sa femme sont venus au soleil, en Andalousie, répondant à son
invitation. Des jours de voyage. Ils se sont installés à l’auberge locale, sur
le port, ils lui avaient envoyé un petit mot pour le prévenir qu’ils étaient
là, la joyeuse bande venue de Paris, incroyable au milieu de ce trou, à mille
lieues de leur base. Ils se sont donné rendez-vous au café, et c’est là qu’il a
retrouvé son ami Paul. Sa femme, il ne la connaissait pas, ce fut fulgurant
lorsqu’il a croisé son regard perçant et sa beauté androgyne. Il l’a invitée à
se promener sur les rochers ; il a ramassé un petit bout de bois tortueux
qu’il conservera toute sa vie, porte bonheur. Le lendemain, alors qu’ils se
baignaient dans une crique, il a voulu l’impressionner et est descendu, nu, le
corps enduit de bleu de méthylène que sa sueur sous le soleil faisait couler,
aspergeant les rochers, puant la merde de chèvre. Et quand il l’a rejointe dans
sa chambre, un panier d’oursins à la main, c’est elle qui étaient nue derrière
la porte.
Elle est restée avec lui, le bel andalou, elle, la fille de
l’Est qui n’avait rien à faire ici, mais on s’en fout de la famille arriérée, la
fulgurance, c’est pour la vie et même au-delà, après la mort, à jamais sur les milliers
de toiles dont elle serait l’inspiratrice.
Paul est reparti avec ses amis. Il a envoyé une carte
postale de Barcelone à sa femme Gala, une carte qui représente la Sagrada
Familia, avec ces simples mots « meilleures pensées ». De son ami Salvador,
il n’était pas question.
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